Est-on encore libre quand on vit connecté ?
Il y a quelque temps, j’ai participé au « Bac de Chilo » organisé par Chilowé autour d’une question qui nous concerne tous : Sommes-nous encore libres dans un monde ultra-connecté ?
J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce texte, à réfléchir à mon propre rapport aux écrans et à cette petite tyrannie des notifications qui rythme nos journées. Et contre toute attente… j’ai remporté le premier prix !
Aujourd’hui, j’ai envie de le partager ici, sur mon blog. Parce qu’au-delà du concours, ce texte résonne encore fort avec mon quotidien, et peut-être aussi avec le vôtre.
Une liberté sous notifications
Je vous écris ces lignes les yeux rivés sur un écran. Ironique, non ? Comme si pour dénoncer notre addiction numérique, je devais encore m’y soumettre. Mais voilà, c’est tout le paradoxe : on rêve d’évasion, de forêts profondes et de couchers de soleil romantiques, et pourtant… on immortalise tout ça pour nos followers. Liberté chérie, où t’es-tu cachée ? Entre deux notifications ? Une question me taraude : sommes-nous encore libres quand nos vies sont aussi connectées ? Pour y répondre, nous explorerons d’abord la promesse illusoire de liberté vendue par la connexion, avant de dévoiler les chaînes invisibles qu’elle nous impose, et enfin, nous verrons comment la reconnexion… à la déconnexion pourrait bien être notre bouée de secours.
La connexion, ce mirage de liberté
Il était une fois, dans un monde pas si lointain, une invention merveilleuse : Internet. On nous l’a vendue comme une porte ouverte sur l’infini, un passeport vers la connaissance universelle et la liberté totale. Plus besoin de bouger, tout était là, à portée de clic : informations, amis, amour, voyages… même les couchers de soleil viennent désormais à nous via des filtres Instagram.
On se sentait puissants, presque omniscients. Besoin de la meilleure recette de lasagnes de tous les temps ? Tuto Youtube en 5 minutes. Envie de débattre Chilo ? Un thread sur X fera l’affaire. La connexion nous offrait la liberté de tout savoir, tout dire, tout montrer.
Mais cette liberté était-elle réelle… ou juste virtuelle ? Car très vite, ce vaste terrain de jeu s’est transformé en terrain de contrôle. Les algorithmes, tels des marionnettistes invisibles, ont commencé à tirer les ficelles. Ce qu’on croyait choisir librement était en réalité soigneusement sélectionné pour nous.
Et là, la question se pose : si mes envies me sont soufflées par une machine, suis-je encore vraiment libre ?
Les chaînes invisibles de la connexion
On ne voit pas les barreaux d’une prison numérique. Pourtant, ils sont bien là : faits de notifications incessantes, de scrolls infinis et de la fameuse FOMO (Fear of Missing Out). Chaque vibration de smartphone est une petite laisse qui nous rappelle à l’ordre. Un “ding” et hop ! On accourt.
On rêve d’aventure, mais on suit sagement la trace bleue du GPS. On veut se perdre, mais surtout pas sans réseau. Même au sommet d’une montagne, l’ombre du réseau 5G plane : “Sans lui, comment je vais partager la vue ?”
La connexion s’est immiscée dans nos moindres gestes, rendant notre liberté conditionnelle. Conditionnelle à la validation sociale (combien de likes ?), à la disponibilité immédiate (répondre vite, sinon ça s’inquiète), à l’illusion d’être partout sauf ici et maintenant.
Pire : cette hyper-connexion a grignoté notre capacité à nous rencontrer vraiment. Nos échanges se limitent trop souvent à des emojis, à des “vu” sans réponse, à des discussions fragmentées entre deux scrolls Tik Tok. La vraie liberté, celle d’être pleinement avec l’autre, s’étiole.
La déconnexion : retrouver la liberté d’être là, dans l’instant présent
Mais tout n’est pas perdu ! Car si la connexion nous a pris au piège, la déconnexion peut encore nous libérer. Pas besoin de tout plaquer pour devenir ermite (« s’il vous plaiiiiiiit » réf de la dame qui loupe l’avion). Il suffit parfois d’un geste simple : éteindre. Éteindre pour allumer autre chose en soi.
Imaginez : un bivouac sans story, une balade sans GPS, une soirée sans écran où l’on se regarde vraiment dans les yeux. Redécouvrir le goût des silences, d’une rencontre imprévue, la beauté d’un coucher de soleil qu’on ne photographie pas mais qu’on grave dans sa mémoire.
Déconnecter, ce n’est pas renier la technologie. C’est lui redonner sa juste place : celle d’un outil, pas d’un maître. C’est choisir de se rendre disponible au monde réel, à ses aspérités, à sa lenteur, à sa beauté.
Alors oui, la vraie liberté se cache peut-être là, dans ces instants où l’on décide d’être pleinement présent. Où l’on troque le wifi contre le chant des oiseaux, le flux numérique contre le flot d’une rivière. Et si, pour une fois, on ne postait rien ?
Conclusion
Être libre, ce n’est pas avoir accès à tout, tout le temps. C’est pouvoir choisir ce à quoi on dit oui… et surtout à quoi on dit non. Dans un monde ultra-connecté, la liberté devient un acte de résistance : celui de lever les yeux de son écran, d’aller toucher la mousse d’un tronc d’arbre, de tendre l’oreille au vent plutôt qu’aux notifications.
La connexion nous relie, certes. Mais elle nous enchaîne aussi. La vraie liberté, elle, n’a pas besoin de mot de passe. Elle est là, juste dehors. À portée de main. Débrancher pour mieux se brancher à la vie : et si c’était ça, la révolution douce dont on a tous besoin ?
Et vous, quel est votre rapport aux écrans ?
Arrivez-vous à débrancher pour profiter pleinement de l’instant présent ?